Semaine d’actions contre le racisme

par Zeynep Seymen

Le mercredi 9 mars 2016, devant l’assemblée du Parlement européen qui débattait du projet d’accord sur les migrants/réfugiés entre l’UE et la Turquie, le député européen grec d’extrême-droite Eleftherios Synadinos a qualifié les Turcs de ” barbares, sales, menteurs”, et a ajouté que “le Turc est comme un chien, il joue au chien sauvage mais lorsqu’il doit lutter contre son ennemi, il s’enfuit”.

Le président de l’assemblée Martin Schultz a certes expulsé le député grec de la session du Parlement pour ces paroles ignobles, mais est-ce suffisant ?

La presse a vaguement rapporté l’affaire, sans paraître autrement scandalisée. Que ce serait-il passé si de tels propos avaient été tenus par exemple sur les Juifs ou les Arméniens ? La terre aurait tremblé, le tollé serait général, et les éditorialistes y seraient allés de leur plus belle leçon de morale.

Après l’incident de Strasbourg, Martin Schultz a ajouté: “Il y a de plus en plus de personnes qui tentent de franchir des lignes rouges pour rendre le racisme acceptable“.

Il tire là une sonnette d’alarme qu’il est impératif que tout le monde entende. Et il faut relever que, dans le hit-parade des victimes du racisme, les Turcs occupent désormais les premières places.

Dans le climat ambiant actuel, ce n’est pas trop grave de taper sur les Turcs, et on peut allègrement les malmener, voire en casser et, dans ce jeu, nos chers médias ne sont pas en reste. Au fond, il y a toujours quelque chose à reprocher aux Turcs: de leur arrivée en Anatolie à l’invasion de l’Europe et au siège de Vienne, en passant par “le génocide arménien”, “les massacres des Kurdes”, “l’expulsion des Grecs”, “l’occupation de Chypre”, leur présence massive en Europe et leur folle demande d’adhésion à l’UE, etc. Et ils ont, en plus, le double tort d’être musulmans, et … Turcs.

A l’occasion de la Semaine d’actions contre le racisme qui a débuté lundi 14 mars, Le Conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet a publié une tribune dans la presse (Tribune de Genève du 15.03.2016) intitulée “Genève passe à l’action contre le racisme“.

On ne peut que partager le point de vue qu’il y développe et son appel à “lutter avec force et conviction” contre le racisme et le préjugé, et son exhortation à “l’apprentissage permanent de la tolérance et du respect de l’autre“.

Pierre Maudet insiste sur le courage nécessaire à l’action contre le racisme et la discrimination. Saisissons la balle au bond pour demander à l’Etat genevois d’avoir le courage, lui aussi, d’interdire une fois pour toutes l’édification sur un lieu public à Genève d’un “mémorial arménien” controversé. Ce mémorial, porté par un lobby ethnique, avec ses 9 piliers recouverts d’inscriptions en arménien se référant aux événements de 1915 sous l’Empire ottoman, est raciste et stigmatisant à l’égard des dizaines de milliers de Suisses d’origine turque et de leurs amis.

Il ne faut pas que le racisme ait pas sa place ni son monument à Genève.

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